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ROGER TRINQUIER

De CLAUSEWITZ, souvent cité, mais peu lu, on a retenu cette expression " La Guerre est la continuation de la politique par d'autres moyens".


C'est donc un devoir pour les militaires de suivre la politique de leur gouvernement, car, dans les cas extrêmes, ils devront la faire aboutir avec leur sang et celui de la jeunesse de leur pays.

Roger Trinquier

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C'est à la Baume des Arnauds, près de Luz la Croix Haute, aux confins des hautes Alpes et du Dauphiné que Roger Trinquier, troisième des cinq enfants d'une famille de rudes paysans, vit le jour le 20 mars 1908.

Toute sa vie, il garde les pieds solidement posés sur la terre malgré ses nombreux sauts en parachute.


Il aurait souhaité rester à la ferme, mais elle était réservée au frère ainé.

" J'aimais la charrue solidement en mains, marcher dans le nouveau sillon, au pas lent des chevaux, et le soir, j'étais pleinement heureux et fier comme on l'est toujours après un travail bien fait".


Il fit donc des études et à la sortie de l'École Normale d'Aix-en-Provence, rompant avec la tradition ancestrale, il choisit l'Armée Coloniale qui comptait, à l'époque, 100 000 hommes, tous militaires de carrière. C'est plein d'enthousiasme qu'il arrive à Toulon, une des plus vieilles garnisons coloniales au 4ᵉ Régiment de Tirailleurs Sénégalais.


"L'Empire nous offrait l'espace, l'inconnu, l'aventure, il nous paraissait indestructible. Il nous avait déjà conquis", écrit-il.


Première affectation : CHI MA près de Lang Son au nord du Tonkin, " ou l'on sentait encore l'empreinte du Grand Gallieni".


Perdu dans son petit poste frontière, son fief, il suit de près l'évolution de la triste situation de l'Europe où il rentre en 1936 pour être affecté à Sarralbe à la frontière allemande.


Puis, son tour de départ arrivant, c'est en Chine qu'il est envoyé en 1938. Il y côtoie : Anglais, Italiens, Allemands, Américains, Russes, Chinois et Japonais, bien sûr, puisqu'il y reste bloqué pendant sept ans.


En 1945, au lieu de rentrer au pays comme il était en droit de l'espérer, il est débarqué à Saïgon. Il y forme le 4ᵉ Commando Parachutiste SAS Groupement Autonome Ponchardier.

Et la guerre, que l'on croyait définitivement gagnée puisque l'ennemi s'est rendu sans conditions partout, se rallume de plus belle. Une guerre particulièrement ignoble où le courage, les connaissances acquises, ne suffisent plus ; une guerre totale, sans loi, sans merci.

Photo prise à Tarbes en 1947. Au centre, Madeleine Sologne, marraine du 5ᵉ BPIC, à sa droite le commandant André Dupuis. À sa gauche, le Capitaine Roger Trinquier. Archive de l'Association du Souvenir Amiral Pierre Ponchardier.
Photo prise à Tarbes en 1947. Au centre, Madeleine Sologne, marraine du 5ᵉ BPIC, à sa droite le commandant André Dupuis. À sa gauche, le Capitaine Roger Trinquier. Archive de l'Association du Souvenir Amiral Pierre Ponchardier.


Roger Trinquier repart deux fois au combat. Il nous l'a raconté dans : " Le premier bataillon de béret rouges coloniaux" puis dans " Les maquis d'Indochine". Mais il ne se contente pas d'écrire ses souvenirs, il étudie : "La Guerre Moderne" dont il a su clairement démêler les rouages embrouillés et, sous ce titre, émule de Clausewitz, il dote ses compagnons d'armes d'un manuel pour la gagner. Souvenez-vous, la République d'Indonésie, des centaines d'îles en un archipel de plus de 5000 kilomètres, sur lesquelles vivent plus de 100 000 000 d'habitants, l'a mis en pratique avec rigueur et en a tiré les plus importants résultats.


Roger Trinquier, un des plus clairvoyants, se trouve confronté aux plus hautes responsabilités, au point qu'avec le Général Massu, il crée, le 13 mai 1958, le Comité de Salut Public d'Alger, il nous dit simplement : " Nous venions d'entrer dans le Rubicon, sous peine de nous noyer, nous devions le traverser rapidement".


Ils ne peuvent malheureusement pas sauver l'Algérie.


Ils ont tout osé pour faire aboutir la politique de la France, comme c'était leur Devoir. Mais la France a-t-elle encore une politique ? Si ce n'est celle de ses ennemis.


Le Colonel Roger Trinquier, commandeur de la Légion d'Honneur, titulaire d'une quinzaine de citations, Fondateur de l'UNION NATIONALE DES PARACHUTISTES, aurait été élevé à la dignité de Maréchal sous tout autre régime.


Il trouvera la mort, le 11 janvier 1986, à 78 ans, en prodiguant ses soins d'hiver aux arbres qu'il avait plantés dans son jardin simple et magnifique de Vence.


Il n'y a pas de belle mort


Mais terminer sa noble vie, un outil de paysan à la main, sous le grand ciel bleu, n'est-ce pas un sort enviable ? Tant de nos pauvres semblables traînent désespérément un triste lambeau de vie, durant des mois, dans la morne prison d'un hôpital.


Nous garderons de notre ami Roger Trinquier un souvenir franc, gai, solide. Outre les nombreux ouvrages intéressants qu'il a publiés, il a, heureusement, pensé à écrire ses Mémoires dans lesquels, nous le retrouvons tel que nous le connaissons, nous qui l'aimons.


Ce fervent militaire ayant consacré trente-deux ans de sa vie, toutes ses facultés, toute son ardeur, à la défense de sa chère Patrie et de la Civilisation, les a intitulées, sans tristesse : " Le Temps Perdu".


Le temps pendant lequel il a dû trainer une arme et participer à la destruction et à la mort.


Alors que son rêve était de mener la charrue pour faire pousser le grain, symbole de Paix et de Vie.


Et quand le Dieu tout-puissant des batailles

Rappellera près de lui ses enfants

Comblé d'honneurs ou criblé de mitraille

Dis" Au revoir" à tes bleus en chantant

(Chant du Corps Léger d'Intervention)


Article des Anciens du Commando SAS Groupement Autonome Ponchardier.

Archive de l'Association du Souvenir Amiral Pierre Ponchardier.


Michel Zannelli


Président fondateur de l'ASAPP.

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