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Parachutisme militaire :

réfléchir aux défis médicaux des opérations aéroportées

Direction le Japon pour les 200 parachutistes de 12 nations différentes. Ils se sont retrouvés lors de l’événement multinational « New Year Jump in Indopacific », en janvier 2025. Parmi eux, cinq parachutistes des forces armées de Nouvelle-Calédonie, dont le médecin en chef Gabriel, médecin chef de l’antenne médicale de Plum-Nandaï. Unique représentant de la médecine militaire, il a assuré une intervention sur les aspects médicaux et les défis futurs des opérations aéroportées.


«New Year Jump in IndoPacific» est un événement entièrement dédié au parachutisme militaire. Comment les pays participants abordé le sujet ?

Le médecin en chef (MC) Gabriel : Le NYJIIP a un certain impact au Japon et à l’international, depuis environ trois ans. Pendant une dizaine de jours, les différents acteurs présents échangent sur les problématiques, les méthodes et les moyens de développement autour de l’interopérabilité du parachutisme militaire, avec un intérêt particulier concernant l’analyse des risques géopolitique dans le Pacifique.

Ces échanges revêtent, d’une part, un aspect théorique avec la mise en place de réunions ou de conférences comme l’ « International airborne commander conference », conduites par des officiers supérieurs et des généraux des brigades de troupes aéroportées. L’événement a aussi eu une teneur plus pratique avec des entraînements de sauts depuis des aéronefs étrangers, équipés parfois de parachutes d’autres nations.


Quel était le sens de la participation d’une composante « Santé » à cette rencontre spécifique ?

MC Gabriel : La France participe à cette rencontre pour la deuxième fois. À chaque participation, notre pays a été accompagné d’une composante « Santé », à la différence des autres pays participants, venus sans leurs services de santé militaire.

Cette année, la présence d’un médecin militaire, également parachutiste, répondait à une demande particulière. Les Japonais ont souvent signalé leur intérêt sur certains domaines capacitaires du Service de santé des armées. Nous avons donc proposé à l’organisation en charge de l’événement d’inclure une présentation sur les opérations aéroportées, à travers un prisme médical.



Comment avez-vous su allier ces deux domaines, lors de votre intervention ?

MC Gabriel : Mon public étant composé exclusivement d’officiers des armes parachutistes, j’ai choisi d’axer mon intervention sur les problématiques médicales pouvant freiner les opérations aéroportées (OAP). Dans un premier temps, j’ai abordé le thème de la traumatologie liée aux opérations aéroportées, en me basant sur une étude réalisée il y a peu. Cette analyse détaillait, par exemple, le nombre de blessés, le type de traumatologies, le nombre de sauts ayant généré des blessés sur des opérations, afin d’obtenir un ratio de blessés pour une OAP. En moyenne, une opération générait moins d’un blessé (0,84).


Quoique rares, les lésions générées pouvaient être graves pour environ un tiers du personnel. Hors, d’une perspective empirique, l’expérience entraîne l’expertise. Le saut est un savoir-faire très technique, qui, en conditions opérationnelles, s’effectue parfois dans des conditions dégradées comme la nuit, le climat ou le matériel lourd… L’environnement du saut génère ainsi du stress et de la fatigue qui tendent à augmenter les risques de blessures. Mieux maîtriser l’ensemble de la séquence technique du parachutisme, grâce à l’expérience et l’entraînement, pourrait contribuer à limiter le risque de blessure par personne et par saut.


En outre, certains blessés peuvent être évacués en hélicoptère, un engin bruyant qui peut nuire à l’objectif de discrétion nécessaire à une mission. Ce constat m’a conduit à établir le second point de ma présentation : la liberté d’action. Selon moi, l’insertion d’un soignant militaire au cours d’une mise en place, par moyen parachutiste, garantirait une prise en charge précoce et efficace de la victime, pouvant ou non aboutir à une évacuation. La capacité d’analyse et d’anticipation sur les suites médicales est un élément crucial : elle peut différer la décision parfois prise précocement d’une évacuation médicale, sans affecter le pronostic du blessé, tout en préservant la discrétion d’une mission et sa bonne conduite. Si cette option peut sembler être une contrainte pour les armées, elle peut être à considérer comme un investissement d’intérêt.


Comment votre présentation a-t-elle été accueillie par les participants ?

MC Gabriel : L’intervention a reçu un accueil très positif auprès des commandants de brigades TAP. En parachutisme, l’armée française dispose d’une solide expérience des opérations reconnues par les différentes nations présentes.


Cette expertise intéresse de nombreux pays qui peuvent aisément s’identifier avec la France, en termes de démographie et de taille d’armée. Certaines armées étrangères ne semblaient pas disposer d’une telle facilité dans leurs entrainements, voire leurs opérations aéroportées. En outre, plusieurs pays ne disposent d’aucuns personnels médicaux qualifiés TAP et estiment que cela complexifie les échanges et la compréhension entre la partie médicale et les armées, au sujet du maintien des compétences et de la conduite des OAP.


New Year Jump in IndoPacific


Que retirez-vous de cette intervention inédite ?

MC Gabriel : La présentation a créé des relations avec d’autres nations, qui souhaitaient poursuivre les échanges à ce sujet. Ces pays cherchent à développer leur outil TAP et voulaient savoir comment la France, tout en assurant un haut niveau de soutien médical de ces opérations aéroportées, garantissait leur bonne conduite.


L’armée française est l’une des rares armées d’emploi, disposant d’un effectif de parachutistes concentré, mais aguerris. L’expérience terrain des troupes a donné la possibilité de tester les concepts santé des opérations aéroportées en conditions réelles et de les renforcer, à la différence d’autres armées.


Le soutien médical des opérations aéroportées contient de nombreuses particularités et subtilités. À l’avenir, il pourrait être intéressant de confronter les réflexions entre nations.


Direction : Santé





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