IN MEMORIAM
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- 3 févr.
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Mercredi 03 février 82, la tragédie du Mont-Garbie
Mercredi 03 février 82, il fait encore nuit lorsque nous passons l’aubette. Les camions se suivent et filent pour descendre sur Djibouti, à 40 km du camp d’Arta.
Sur la route, devant nous, les camions de la légion du 2ᵉ REP que nous allons retrouver dans pas longtemps à la BA 188 pour sauter.
Ils ne roulent pas bien vite, bien moins vite que nous. Tels des Gaulois, nous doublons cette cohorte de légionnaires alignés impeccablement dans leurs véhicules.
Nous arrivons bien avant eux sur la base, la nuit est encore là. Profitant de notre avance, nous nous alignons à l’extérieur du hangar sur les plaques à sable métalliques, parés à percevoir nos parachutes.
Les légionnaires arrivent à leur tour et sont invités à entrer dans le hangar qui est éclairé.
« Non, les marins, il ne fait pas jour, perception et inspection dans le hangar ! » tonne un gradé, responsable de la séance.
Nous percevons en même temps que nos amis du 2ᵉ REP nos parachutes. Le moment de l’inspection approche, des mains viriles nous empoignent à tour de rôle, alors que des yeux aguerris examinent sangles et cuissardes.
Les deux sticks sont vérifiés quasiment en même temps, avec une légère avance pour nous. L’un de nous attire l’attention du moniteur qui nous inspecte, le QM Patou a oublié de croiser les cuissardes. Le temps de se déséquiper et de se représenter correctement, les légionnaires montent déjà dans le premier Nord. Quelques instants après, nous montons à bord du second.
Jacky Gloanec, chef de la 1re Escouade à Jaubert, notre chef d’escouade, embarque avec les légionnaires pour assurer le largage sur zone en tant que moniteur.
« À ce soir les gars ! » sont les derniers mots que j’ai entendus de sa bouche, puis sa silhouette se détache par la porte du Nord qui se met à rouler.
Les deux avions ont décollé direction Gayo Yare dans la région de Tadjoura à l’Ouest de Djibouti. Nous survolons la zone pendant plus d’une heure, le premier avion a disparu dans un ciel maussade. Enfin, nous sommes largués sur la DZ de Gayo Yare.
De retour à Arta, nous imaginons des scénarios, mais les chances de retrouver l’équipage et les parachutistes du Nord s’amenuisent. La nouvelle tombe tel un couperet : l’avion s’est écrasé contre une paroi rocheuse sur le Mont Garbie peu de temps après le décollage. Trente-six personnes y ont laissé leurs vies, dont le Mt Gloanec. Aujourd’hui, quarante ans plus tard, plus que d’ordinaire, mes pensées sont pour ces victimes, je pense à Jacky, sa famille, ses proches.
La vie est ainsi faite, la chance devait être avec nous ce jour-là…


Témoignage de Bruno Feron.
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